L’ABEVA, avec l’aide de STOFF St Niklaas (association de victimes) de l’amiante de St Niklaas, a rassemblé 340 signatures de victimes et leurs proches, sous un appel à ETEX pour participer significativement au financement des politiques de désamiantage des Régions.
Ces courriers ont paru , respectivement dans le Soir du 6/11/2025 (Site internet) et dans le Standaard du 13/11/2025 (Edition papier et site Internet)
26 octobre 2025
Le 17 avril 2025, l'homme d'affaires suisse Stephan Schmidheiny a été condamné à 9 ans et 6 mois de prison par la Cour d'appel de Turin dans le cadre du procès Eternit "bis", en lien avec les décès dus à l'amiante en Italie. En première instance, il s'était vu infliger 12 ans de prison.
C’est la suite, sinon la fin, d’une lingue procédure initiée par le parquet de Turin à l’encontre des dirigeants internationaux historiques d’Eternit Italie, parmi lesquels Stephan Schmidheiny , ainsi que le belge Louis Cartier de Marchienne, condamnés en 2012 , pour les décès de nombreuses victimes de l’amiante sur différentes sites de la société en Italie. La condamnation avait été confirmée en Apple, mais entretemps le baron belge était décédé.
Elle a ensuite été cassée par la Cour de cassation, essentiellement pour des raisons de prescription et de procédure. D’autres poursuites ont été relancées ensuite, sur des bases corrigées, et elles ont, en avril 2025, à cette condamnation de l’homme d’affaires suisse. Il a fallu ensuite six mois pour disposer du verdict complet (600 pages).
Nous publions ci-après, traduit en français, l’article de la journaliste italienne Silvana Mossano, qui en fait un résumé.
https://www.silmos.it/eternit-bis-lanalisi-dei-punti-cruciali-della-sentenza-con-le-parole-della-corte-dassise-dappello/
Rapport de Silvana MOSSANO
Le verdict de la Cour d'appel de Turin fait plus de 600 pages : il explique les raisons pour lesquelles elle a condamné Stephan Schmidheiny à neuf ans et demi – coupable d'homicide involontaire pour la mort des habitants de Casale décédés d'un mésothéliome. La moitié du verdict consiste en des dossiers avec une étude détaillée de chaque cas individuel : chaque vie écourtée par l'amiante, étouffée par le puvri, comme on l'appelle en dialecte local. Quand vous dites puvri, tout le monde ici comprend.
Depuis sa fondation en 2000, l’Association Belge des Victimes de l’Amiante, ABEVA, réclame une participation des entreprises ayant produit et diffusé l’amiante dans la réparation des dégâts qu’elles ont causés, selon le principe du pollueur payeur.
L’ABEVA est à la base de la création, en 2007, du Fonds amiante (AFA) qui indemnise spécifiquement les victimes professionnelles et non professionnelles de l’amiante. De 2007 à 2024, l’AFA a indemnisé 4614 victimes de l’amiante, dont 3573 pour mésothéliome, un cancer mortel de la plèvre qui est la signature d’une exposition à l’amiante. Depuis 2007, le nombre des cas de mésothéliome fluctue d’une année à l’autre, environs 200 cas par an (219 en 2024), mais ne faiblit pas. Un pic de 253 cas indemnisés par l’AFA a même été observé en 2023. Mais le poids des maladies de l’amiante est plus lourd encore, car les données de l’AFA sont partielles, comme le reflètent le nombre supérieur de mésothéliomes répertoriés chaque année par le Registre du cancer, sans compter les cancers du poumon, du larynx et de l’ovaire liés à l’amiante qui ne remplissent pas les critères très stricts de l’AFA pour être indemnisés.
Ce qui démontre bien que l’amiante, pourtant interdit en Belgique depuis 1998, est toujours un problème d’actualité. D’autant que l’amiante en place perpétue le risque, généralement sous formes d’ondulés, de plaques et de conduites en amiante-ciment. En 2023, près d’un tiers des personnes reconnues par l’AFA pour mésothéliome étaient des victimes non professionnelles.
Pour l’ABEVA, un désamiantage organisé a toujours été une priorité, notamment celui des écoles où l’amiante risque de contaminer nos enfants et ainsi accroître sans fin le nombre des victimes. Une enquête de l’OVAM (office flamand des déchets) a montré que 50 % des écoles flamandes contenaient des produits amiantés. Et, il n’y a pas de raison de penser que ce pourcentage soit différent en Wallonie et à Bruxelles.
L’Abeva s’est donc réjouie qu’un plan de désamiantage organisé ait été élaboré par la région flamande. Ce plan, déjà entré en vigueur, prévoit une Flandre sans amiante à l’horizon 2040. L’ABEVA s’est aussi réjouie de la résolution votée à l’unanimité au Parlement flamand, en mars 2025, exigeant que les responsables historiques de l’importante présence de produits amiantés à risque dans le parc immobilier public et privé participent, à la mesure de leur lourde responsabilité, au financement du plan de désamiantage de la Flandre.
La présidente de N-VA, Valerie Van Peel, exige que le producteur d'amiante Eternit corrige une partie de sa dette historique. Son parti veut que l'entreprise paie au moins 1 milliard d'euros pour rendre la Flandre sans amiante d'ici 2040.
Cet article a été écrit parTVdB. Publié le 7 septembre 2025, 14:52
Eternit a produit de l'amiante-ciment jusqu'en 1997, y compris pour les célèbres tôles ondulées grises qui se trouvent encore aujourd'hui sur des milliers de toits flamands. Dès 1950, l'entreprise était consciente des risques pour la santé de l'amiante, mais a continué à produire et à vendre malgré tout.
N-VA se concentre délibérément sur Eternit car c'est la seule entreprise de vente d'amiante qui est encore légalement et financièrement accessible. « Il est responsable de 65 % du problème de l'amiante en Flandre et n'a jamais été prêt à faire quoi que ce soit en retour des dommages qu'il a causés », semble-t-il.
« Eternit se verra remettre une facture d'au moins 1 milliard d'euros, qui devrait servir à rendre la Flandre sûre pour l'amiante », annonce Van Peel. Le montant est basé sur des calculs concrets de l'OVAM.
Van Peel vise une contribution annuelle de 50 millions d'euros jusqu'en 2040. C'est déjà bien pour 750 millions d'euros. En outre, elle souhaite qu'Eternit débourse 32,5 millions d'euros par an pour les certificats d'amiante. Le reste de l'argent irait à la recherche sur le traitement des déchets et à des campagnes de sensibilisation.
Facture pollueur
« Le principe du pollueur-payeur doit s'appliquer à tout le monde. Eternit doit réparer ses propres dégâts, et non faire payer le citoyen pour sa pollution historique », ajoute M. Van Peel. Si Eternit refuse d'accepter la proposition, l'homme politique menace d'utiliser tous les moyens légaux.
Van Peel s'est brièvement retiré de la politique en 2024 après que la commission parlementaire des affaires sociales a rejeté un projet de loi visant à aider les victimes de l'amiante.
En mars 2024, la ministre de l'Environnement de l'époque, Zuhal Demir (N-VA), a convoqué les producteurs d'amiante pour qu'ils réclament une indemnisation plus élevée que les 4,8 millions d'euros qu'Eternit avait promis de verser en 2014 jusqu'en 2030.
Dans le cadre de cette procédure, le gouvernement flamand a déjà remis à Eternit une mise en demeure de 1 950 milliards d'euros. Cette procédure civile est actuellement suspendue pendant que des pourparlers sont en cours entre le gouvernement flamand et Eternit pour parvenir à un règlement à l'amiable.
En juin 2006 , les journalistes Marleen Teugels et Nico Krols publiaient dans la magazine Knack une vaste et remarquable enquête sur l’histoire de l’amiante, de sa production, son usage généralisé au long du XXième siècle, ses méfaits, et sur le lobby international de l’industrie de l’amiante qui a joué un rôle central dans la dissimulation et la minimisation des dangers de l’amiante. L’enquête mettait particulièrement en évidence le rôle du groupe belge Etex-Eternit et de ses familles dirigeantes, en Belgique mais aussi dans d’autres pays comme l’Italie, où certains de ses dirigeants étaient alors mis en cause et condamnés dans des procédures judiciaires.
Depuis lors, la justice belge a même, en 2023, qualifié de « faute intentionnelle » la responsabilité d’Eternit dans la maladie et le décès de l’ex-président de l’Abeva Eric Jonckheere. Nous considérons que de nombreuses victimes présentent la même histoire qu’Eric et pourraient aussi invoquer cette faute.
Les articles de Marleen Teugels et Nico Krols (1) ont joué un rôle important dans la popularisation du combat des victimes de l’amiante, mené notamment par l’ABEVA, qui réclamait un système d’indemnisation spécifique pour toutes les victimes de l’amiante, une vraie prévention des risques posés par l’amiante encore en place dans notre environnement, ainsi qu’une responsabilisation des ex-producteurs et du lobby, dans la ligne du principe « pollueur-payeur ».
Le choc fut grand en Belgique. Le gouvernement d’alors (Verhofstadt-Demotte) décida d’accélérer la création d’un système d’indemnisation, dont la conception était déjà en discussion à la Chambre sous l’impulsion de la députée ecolo Muriel Gerkens, qui avait réussi à rassembler un groupe parlementaire transpartisan (verts – libéraux – socialistes -sociaux-chrétiens, francophones et flamands) (2) . La création fin 2006 de l’AFA, fonds d’indemnisation des victimes de l’amiante, fut un grand succès dans notre combat. Il fut hélas assombri par l’absence de toute contribution sérieuse des principaux pollueurs historiques au financement du système.
Nous avons obtenu l’autorisation du magazine Knack - que nous remercions - de publier l’intégralité de cette série d’articles. Nous les publierons aussi en français dès que possible.
Nous estimons cette republication particulièrement opportune à un moment où certains acteurs, comme le gouvernement flamand, ainsi que des associations comme l’ABEVA ou Stoff, de St Niklaas, réclament d’Etex-Eternit une contribution forte dans les coûts du désamiantage, très élevés.
Dans cette optique, Il évidemment utile de rafraîchir les mémoires sur les responsabilités dans le désastre sanitaire de l’amiante (3).
Que Marleen Teugels et Nico Krols trouvent encore ici l’expression de nos remerciements pour le remarquable travail accompli.
L’ABEVA
(1) Ainsi que la série d’articles parus dans Het laatste Nieuws à peu près au même moment, signés Frieda Joris.
(2) Voir le Courrier hebdomadaire du CRISP consacré à ce sujet. https://shs.cairn.info/revue-courrier-hebdomadaire-du-crisp-2010-3-page-5
(3) Voir aussi le film "Le tombeau de l’amiante. Chronique d’un désastre annoncé" sur le site : https://cbadoc.be/fr/movie/the-asbestos-grave-chronicle-of-a-desaster-foretold/
Lien vers les articles
Liens vers les articles (en néerlandais) :
Deel 1 : Straffen tegen ex-eternit bazen in Sicilië - Vuile Belgen op Sicilië.
Deel 2 : Honderden asbestdoden nabij Turijn - De witte dood van Casale.
Deel 3 : Asbestslachtoffers in Frankrijk en Nederland - Het schadelijke verzuim.
Deel 4 : De verborgen slachtoffers van de asbestindustrie
Willy Vanderstappen (1948-2007) était un homme politique belge de Groen! et un militant reconnu contre l’amiante, après avoir lui-même contracté un mésothéliome lié à une exposition chez Eternit en 1965. Conseiller provincial du Brabant flamand dès 2000 et collaborateur de Mieke Vogels, il s’engagea activement dans la sensibilisation aux dangers de l’amiante. Après sa mort, ses amis ont fondé en 2008 la Fondation Willy Vanderstappen, qui organise chaque année des randonnées cyclistes et pédestres pour commémorer les victimes et financer des projets liés à l’amiante.
Deux circuits (6 et 12 km) pour les marcheurs, deux (20 et 40 km) pour les cyclistes, les inscriptions commencent à 9h.
Soupe, pâtes, sandwiches et tarte disponibles sur place, concerts l'après midi.
Au profit de projets de désamiantage.
https://www.stichtingwillyvanderstappen.be/
L’Association Belge des Victimes de l’Amiante, l’ABEVA a appris avec grande tristesse le décès de l’avocat Georges-Henri Beauthier.
Parmi les nombreuses causes qu’il a défendues, nous souhaitons rappeler combien il a soutenu les malades et décédés de l’amiante dans leur combat pour leur reconnaissance.
Il avait été porteur des premières actions en justice, dans les cas de Luc Vandenbroucke, et puis de Françoise Vannoorbeeck-Jonckheere, un procès majeur en responsabilité civile intenté à la société Eternit, jugée responsable du décès de cette riveraine de l’usine. Le collègue d’alors de Georges-Henri Beauthier, l’avocat Jan Fermon a conduit avec succès ce procès en 2011 et 2017.
Récemment, même diminué par la maladie, Georges-Henri Beauthier a encore tenu à assister, en septembre 2024, à l’inauguration d’une stèle en hommage aux victimes de l’amiante à Kapelle-op-den Bos.
De tout cela, l’ABEVA lui en sera toujours chaleureusement reconnaissante.
Il restera dans nos mémoires.
L’ABEVA
Le 25 juin 2025