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L'intervention de Marc Molitor

POUR ERIC

Je pourrais évidemment parler ici de l’association, l’ABEVA, de procès, de notre combat avec des succès auxquels Eric a grandement contribué, …mais aussi de nos insuffisances ou nos échecs, de ces scandales qui hélas n’ont toujours pas trouvé de réparation suffisante, si jamais cela existe, de ces responsables qui se dérobent.
Mais je n’ai pas trop envie de faire de la politique aujourd’hui.
Je voudrais plutôt vous raconter une histoire.
Un jour nous étions, Eric et moi, en visite chez un vieux camarade de l’Abeva , Michel Verniers, un type formidable. Ancien ouvrier de  Coverit, une ex filiale d’Eternit, près de Mons. Il avait passé des années à soutenir ses collègues, et il était touché à son tour par un mésothéliome. Michel était content de nous voir. Il souffrait beaucoup. Et, vous savez, Eric, avant d’être pilote, a été kiné. Alors ce jour là, il s’est spontanément assis près de Michel et l’a soulagé avec quelques bons massages de kiné.
Voilà, c’était aussi ça Eric, une sympathie spontanée pour la souffrance des autres, qu’il avait d’ailleurs déjà rencontrée chez ses parents et deux de ses frères.
Il était comme ça avec ses amis de Kapelle op den bos et de St Niklaas, qui sont là, de Mons,  Dunkerque ou Paris, ses amis d’Inde, du Congo, du Japon, de Hong kong ,d’Italie, du Canada , de partout où son avion pouvait le porter. De tous ces lieux nous recevons aujourd’hui beaucoup de messages pleins d’émotion.
Ainsi celui d’Alessandro, originaire de Casale, petite ville la plus polluée d’amiante d’Italie, et qui écrit : « Éric avait une capacité exceptionnelle de prendre la vie et la lutte sur l’amiante avec un mélange unique de responsabilité, sensibilité et aussi de légèreté. A Osaka , devant une centaine de  japonais sérieux, il disait "Fuck Asbestos, il faut vivre et savoir rire”,  et une vieille dame, qui avait perdu son mari et qui ne parlait que  japonais, l’a regardé dans les yeux et l’a embrassé silencieusement pendant des minutes comme à vouloir dire “ton histoire, c’est la mienne”.
Eric était plein d’énergie positive, il a décidé de rebondir sur son malheur et rester debout jusqu’ à la fin. Il cherchait le contact. Il n’avait pas peur de la lumière, des spots de l’actualité. Mais ce n’était pas pour sa gloriole personnelle, c’était -  il l’a toujours dit et fait – pour les autres. Il a eu la chance d’avoir à ses côtés Dorothée qui, je crois, a bien compris cela, l’a accepté et accompagné.
Je vais vous dire un secret : Eric est mort riche, très riche. Riche d’avoir beaucoup donné.
Eric, nous t’aimons et t’admirons.
J’espère que tu voles dans ton cargo, dans un ciel lumineux, avec à tes côtés Michel et bien d’autres, et surtout en riant beaucoup.

Marc