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Carte blanche à la Ministre de l’enseignement

Depuis sa création, l’ABEVA a porté une attention particulière aux victimes de l’amiante. A cette fin, un de ses principaux combats a été la création d’un dispositif d’indemnisation spécifique des victimes, qui tienne compte à la fois de l’histoire particulière de l'amiante, des responsabilités de ceux qui en ont tiré profit en développant son utilisation alors même que les dangers étaient connus, et du caractère massif de l’épidémie de cancers mortels que cette utilisation a provoqué. L'épidémie se poursuit et risque de se poursuivre indéfiniment si l'on ne prend pas garde à l'amiante "en place" qui peut se révéler une bombe à retardement.

L’ABEVA se soucie aussi d’empêcher l’apparition de nouvelles victimes, qui contracteraient aujourd’hui ou demain des maladies suite à une exposition à l’amiante encore présent dans notre environnement. En Belgique, l’amiante a été interdit, par étapes successives, et définitivement à la fin des  années nonante. Mais il reste, dans notre environnement et dans le bâti public ou privé, des quantités importantes d’amiante : flocage, amiante-ciment, Glasal, Pical, portes coupe-feu, calorifugeage, etc)

Aux yeux de l’ABEVA, les établissements d’enseignement et les élèves et étudiants et le personnel qui les fréquentent constituent une priorité.

D’autant plus lorsqu’ils sont en bas âge. Les organismes jeunes, en croissance rapide,  seront plus facilement affectés par une éventuelle contamination par l'amiante dont les effets néfastes pourraient se manifester plus tôt dans leur vie. Par ailleurs, l’application éventuelle de mesures strictes de prudence – si elles s’avéraient nécessaires dans l’une ou l’autre école où l’on découvre de l’amiante dégradé, est plus difficile à faire respecter au sein d’une population jeune, plus insouciante et turbulente.

Depuis le printemps dernier, plusieurs médias se sont intéressés à la problématique de l’amiante dans les établissements scolaires du sud du pays.  Sans avoir voulu stigmatiser un établissement en particulier, il nous semble que la presse a voulu mettre au jour une situation de non application de certains décrets et obligations légales. Demain, la situation dans le bâti scolaire en Belgique francophone sera un des thèmes de l’émission de la RTBF « Question à la Une ». L’Abeva se félicite de cette initiative à laquelle elle a désiré collaborer. Sous le titre…………la journaliste tente d’y voir plus clair dans ce dossier où, une fois de plus, l’opacité est de mise alors que dans les pays limitrophes, la transparence et la proactivité prévalent. Pourquoi voit-on dans les affaires liées à l’amiante que les « whistleblowers » ou les « lanceurs d’alerte » sont très souvent stigmatisés, ridiculisés et subissent d’énormes pressions, au point parfois de perdre leur emploi ou de subir des mises à l’écart?  L’amiante est-il à ce point devenu un sujet « tabou » ! Il est vrai que les enjeux financiers liés au désamiantage sont énormes !  Dans les cas des écoles, on brandit la menace d'une relance de la guerre entre les réseaux si la présence d’amiante est révélée dans tel ou tel établissement. Les parents risqueraient d’envoyer leurs enfants dans d’autres écoles. Nous ne le pensons pas mais nous savons que tout le monde (parents et personnels des écoles) a droit à une information claire et  précise sur la situation.

Donc la tentation de balayer les cas de dénonciations ou de plaintes face à une situation de présence d’amiante sous le tapis est grande, trop grande. Et pourtant tout devrait porter à une participation plus active des citoyens, collaborateurs, employés, à plus de transparence. Il nous semble inacceptable de rester dans une culture du secret et de confidentialité, lorsque nous constatons certains faits qui heurtent notre conscience.

En Communauté Française, des travaux d'assainissement n'auraient été que partiellement réalisés et avec de gros retards ou de manière non conforme, des mesures d'empoussièrement non agréées, l’absence totale d’une signalétique claire et obligatoire, etc. La presse fait également références à des décès et malades parmi les personnels.

L'Abeva pense qu’il est plus que temps d’y voir clair. Il y va de la santé des élèves et des personnels. Des parents sont en attente d’explications qu’ils sont en droit de recevoir. Malgré de nombreuses tentatives, l’ABEVA ne parvient toujours pas à obtenir des autorités un panorama clair et complet de la situation dans l'ensemble des écoles de tous les réseaux d'enseignement en communauté française. Sans doute, une série d’entre elles ont été désamiantées, en tout cas en partie. Mais les informations sont rares, parcellaires…

Nous savons aussi qu’il existe parfois des réflexes de rétention d’informations, et que certains préfèrent « faire glisser sous le tapis » les questions parfois gênantes. Le climat n’est pas toujours favorable à la transparence à cause de la concurrence entre écoles et entre réseaux. Tout le monde a peur d’effrayer les parents avec des informations sur la présence éventuelle d’amiante dans les écoles (même si elles ne sont pas à priori graves). Enfin nous savons aussi que le lourd héritage du passé en Belgique rend un désamiantage intégral budgétairement très difficile.

Nous connaissons donc toutes ces difficultés, mais nous pensons que se mettre la tête dans le sable et ne pas voir en face toute l’ampleur et la complexité du problème est encore plus contreproductif.

L’ABEVA suggère à la Ministre les propositions suivantes :

1)    L’administration de la Communauté Française devrait rassembler toutes les informations pour tous les réseaux
-          État de la situation : relevé des « inventaires amiante »: ont-ils tous été faits conformément à la loi ? Où sont-ils rassemblés ?
-          Tous les problèmes ont-ils été identifiés partout, et par ordre de gravité ? Les plans de gestion de l’amiante résiduel existent-ils partout ?
-          Etat actuel du désamiantage, dans tous les réseaux.
-          Ce qui reste à faire, en tenant compte de la loi : désamianter ce qu’il faut, confiner s’il ne faut pas enlever (cfr plan de gestion)
-          Estimation des coûts.

Durée : une petite année.

Ce travail devrait être suivi par un comité d’accompagnement scientifique regroupant différents acteurs. Il se réunirait  tous les deux mois, pour vérifier l’avancement, émettre des remarques et des suggestions pour aider à la bonne fin des travaux.
 

2)    La tenue d’une table ronde pourrait être organisée avec tous les acteurs à l’automne 2015 : Administration, PO et fédération de PO, association de directeurs,  syndicats, associations de parents, ABEVA, experts. Elle déterminerait les priorités et chercherait des solutions de financement si les budgets de la CF sont insuffisants. Elle ferait des propositions pour éviter  les écueils relevés plus haut (crainte de concurrence, création d’inquiétude chez les parents, transparence nécessaire de l’information assortie de la prudence et réserve nécessaire, recherche de solutions alternatives si certains locaux doivent être provisoirement fermés, etc…). Un plan de priorités (cibles), avec délais et budgets serait adopté.

 

La santé des élèves et des personnels ne doit pas être considérée comme « secondaires » face à une situation budgétaire « tendue ».  Avec le pic des décès dus à l’amiante annoncé pour les années 2030 et la hausse spectaculaire récentes des mésothéliomes environnementaux, la problématique de l’amiante n’est hélas pas un problème du passé, de nombreux drames humains risquent, si on n’y prend garde, d’encore s’ajouter à ceux auxquels nous sommes confrontés. En outre, investir aujourd’hui dans l’assainissement et la prévention, c’est aussi éviter les coûts entraînés par ces maladies et drames humains potentiels dans l’avenir.

L’Abeva remercie Madame la Ministre pour l’attention qu’elle portera à ce dossier et espère pouvoir compter sur la coopération des tous les acteurs concernés.

 

Eric Jonckheere

Co président Abeva