La présidente de N-VA, Valerie Van Peel, exige que le producteur d'amiante Eternit corrige une partie de sa dette historique. Son parti veut que l'entreprise paie au moins 1 milliard d'euros pour rendre la Flandre sans amiante d'ici 2040.
Cet article a été écrit parTVdB. Publié le 7 septembre 2025, 14:52
Eternit a produit de l'amiante-ciment jusqu'en 1997, y compris pour les célèbres tôles ondulées grises qui se trouvent encore aujourd'hui sur des milliers de toits flamands. Dès 1950, l'entreprise était consciente des risques pour la santé de l'amiante, mais a continué à produire et à vendre malgré tout.
N-VA se concentre délibérément sur Eternit car c'est la seule entreprise de vente d'amiante qui est encore légalement et financièrement accessible. « Il est responsable de 65 % du problème de l'amiante en Flandre et n'a jamais été prêt à faire quoi que ce soit en retour des dommages qu'il a causés », semble-t-il.
« Eternit se verra remettre une facture d'au moins 1 milliard d'euros, qui devrait servir à rendre la Flandre sûre pour l'amiante », annonce Van Peel. Le montant est basé sur des calculs concrets de l'OVAM.
Van Peel vise une contribution annuelle de 50 millions d'euros jusqu'en 2040. C'est déjà bien pour 750 millions d'euros. En outre, elle souhaite qu'Eternit débourse 32,5 millions d'euros par an pour les certificats d'amiante. Le reste de l'argent irait à la recherche sur le traitement des déchets et à des campagnes de sensibilisation.
Facture pollueur
« Le principe du pollueur-payeur doit s'appliquer à tout le monde. Eternit doit réparer ses propres dégâts, et non faire payer le citoyen pour sa pollution historique », ajoute M. Van Peel. Si Eternit refuse d'accepter la proposition, l'homme politique menace d'utiliser tous les moyens légaux.
Van Peel s'est brièvement retiré de la politique en 2024 après que la commission parlementaire des affaires sociales a rejeté un projet de loi visant à aider les victimes de l'amiante.
En mars 2024, la ministre de l'Environnement de l'époque, Zuhal Demir (N-VA), a convoqué les producteurs d'amiante pour qu'ils réclament une indemnisation plus élevée que les 4,8 millions d'euros qu'Eternit avait promis de verser en 2014 jusqu'en 2030.
Dans le cadre de cette procédure, le gouvernement flamand a déjà remis à Eternit une mise en demeure de 1 950 milliards d'euros. Cette procédure civile est actuellement suspendue pendant que des pourparlers sont en cours entre le gouvernement flamand et Eternit pour parvenir à un règlement à l'amiable.
En juin 2006 , les journalistes Marleen Teugels et Nico Krols publiaient dans la magazine Knack une vaste et remarquable enquête sur l’histoire de l’amiante, de sa production, son usage généralisé au long du XXième siècle, ses méfaits, et sur le lobby international de l’industrie de l’amiante qui a joué un rôle central dans la dissimulation et la minimisation des dangers de l’amiante. L’enquête mettait particulièrement en évidence le rôle du groupe belge Etex-Eternit et de ses familles dirigeantes, en Belgique mais aussi dans d’autres pays comme l’Italie, où certains de ses dirigeants étaient alors mis en cause et condamnés dans des procédures judiciaires.
Depuis lors, la justice belge a même, en 2023, qualifié de « faute intentionnelle » la responsabilité d’Eternit dans la maladie et le décès de l’ex-président de l’Abeva Eric Jonckheere. Nous considérons que de nombreuses victimes présentent la même histoire qu’Eric et pourraient aussi invoquer cette faute.
Les articles de Marleen Teugels et Nico Krols (1) ont joué un rôle important dans la popularisation du combat des victimes de l’amiante, mené notamment par l’ABEVA, qui réclamait un système d’indemnisation spécifique pour toutes les victimes de l’amiante, une vraie prévention des risques posés par l’amiante encore en place dans notre environnement, ainsi qu’une responsabilisation des ex-producteurs et du lobby, dans la ligne du principe « pollueur-payeur ».
Le choc fut grand en Belgique. Le gouvernement d’alors (Verhofstadt-Demotte) décida d’accélérer la création d’un système d’indemnisation, dont la conception était déjà en discussion à la Chambre sous l’impulsion de la députée ecolo Muriel Gerkens, qui avait réussi à rassembler un groupe parlementaire transpartisan (verts – libéraux – socialistes -sociaux-chrétiens, francophones et flamands) (2) . La création fin 2006 de l’AFA, fonds d’indemnisation des victimes de l’amiante, fut un grand succès dans notre combat. Il fut hélas assombri par l’absence de toute contribution sérieuse des principaux pollueurs historiques au financement du système.
Nous avons obtenu l’autorisation du magazine Knack - que nous remercions - de publier l’intégralité de cette série d’articles. Nous les publierons aussi en français dès que possible.
Nous estimons cette republication particulièrement opportune à un moment où certains acteurs, comme le gouvernement flamand, ainsi que des associations comme l’ABEVA ou Stoff, de St Niklaas, réclament d’Etex-Eternit une contribution forte dans les coûts du désamiantage, très élevés.
Dans cette optique, Il évidemment utile de rafraîchir les mémoires sur les responsabilités dans le désastre sanitaire de l’amiante (3).
Que Marleen Teugels et Nico Krols trouvent encore ici l’expression de nos remerciements pour le remarquable travail accompli.
L’ABEVA
(1) Ainsi que la série d’articles parus dans Het laatste Nieuws à peu près au même moment, signés Frieda Joris.
(2) Voir le Courrier hebdomadaire du CRISP consacré à ce sujet. https://shs.cairn.info/revue-courrier-hebdomadaire-du-crisp-2010-3-page-5
(3) Voir aussi le film "Le tombeau de l’amiante. Chronique d’un désastre annoncé" sur le site : https://cbadoc.be/fr/movie/the-asbestos-grave-chronicle-of-a-desaster-foretold/
Lien vers les articles
Liens vers les articles (en néerlandais) :
Deel 1 : Straffen tegen ex-eternit bazen in Sicilië - Vuile Belgen op Sicilië.
Deel 2 : Honderden asbestdoden nabij Turijn - De witte dood van Casale.
Deel 3 : Asbestslachtoffers in Frankrijk en Nederland - Het schadelijke verzuim.
Deel 4 : De verborgen slachtoffers van de asbestindustrie
Willy Vanderstappen (1948-2007) était un homme politique belge de Groen! et un militant reconnu contre l’amiante, après avoir lui-même contracté un mésothéliome lié à une exposition chez Eternit en 1965. Conseiller provincial du Brabant flamand dès 2000 et collaborateur de Mieke Vogels, il s’engagea activement dans la sensibilisation aux dangers de l’amiante. Après sa mort, ses amis ont fondé en 2008 la Fondation Willy Vanderstappen, qui organise chaque année des randonnées cyclistes et pédestres pour commémorer les victimes et financer des projets liés à l’amiante.
Deux circuits (6 et 12 km) pour les marcheurs, deux (20 et 40 km) pour les cyclistes, les inscriptions commencent à 9h.
Soupe, pâtes, sandwiches et tarte disponibles sur place, concerts l'après midi.
Au profit de projets de désamiantage.
https://www.stichtingwillyvanderstappen.be/
L’Association Belge des Victimes de l’Amiante, l’ABEVA a appris avec grande tristesse le décès de l’avocat Georges-Henri Beauthier.
Parmi les nombreuses causes qu’il a défendues, nous souhaitons rappeler combien il a soutenu les malades et décédés de l’amiante dans leur combat pour leur reconnaissance.
Il avait été porteur des premières actions en justice, dans les cas de Luc Vandenbroucke, et puis de Françoise Vannoorbeeck-Jonckheere, un procès majeur en responsabilité civile intenté à la société Eternit, jugée responsable du décès de cette riveraine de l’usine. Le collègue d’alors de Georges-Henri Beauthier, l’avocat Jan Fermon a conduit avec succès ce procès en 2011 et 2017.
Récemment, même diminué par la maladie, Georges-Henri Beauthier a encore tenu à assister, en septembre 2024, à l’inauguration d’une stèle en hommage aux victimes de l’amiante à Kapelle-op-den Bos.
De tout cela, l’ABEVA lui en sera toujours chaleureusement reconnaissante.
Il restera dans nos mémoires.
L’ABEVA
Le 25 juin 2025
Le parquet néerlandais tient pour responsable la société Eternit du décès de deux anciens employés de son usine de Goor aux Pays-Bas, rapporte mardi le quotidien néerlandais De Telegraaf. Le ministère public a confirmé l'information à l'agence de presse néerlandaise ANP. Selon le ministère public, Eternit a "volontairement et sciemment" exposé ses travailleurs à des risques graves pour leur santé.
Eternit, filiale du groupe belge de matériaux de construction Etex, est poursuivi pour homicide involontaire et homicide par négligence, a confirmé le parquet au journal.
L'entreprise est accusée d'avoir exposé des années durant ses employés et des tiers à des particules d'amiante, avec des conséquences mortelles.
En 2019, un comité des victimes de l'amiante aux Pays-Bas a porté plainte au nom de six proches de neuf ex-employés de l'entreprise décédés des suites d'une exposition à l'amiante. Une enquête policière a été menée pendant près de cinq ans.
Eternit estime que les poursuites pénales qui la visent sont injustifiées, a réagi son avocat, Daan Doorenbos qui souligne que l'entreprise a respecté les législation et réglementation alors en vigueur. Lorsque l'amiante a été interdit aux Pays-Bas en 1993, l'entreprise a aussitôt cessé son utilisation.
En 2017, Eternit avait déjà été condamnée en Belgique à verser des dommages et intérêts aux proches d'une victime de l'amiante.
Etex, dont le siège social se trouve à Zaventem, possède plus de 160 sites dans 45 pays, emploie 13.500 personnes dans le monde et a réalisé un chiffre d'affaires de 3,78 milliards d'euros en 2024.
Plus motivés que jamais les membres de l'équipe Abeva participeront aux 20km de Bruxelles. Toutes nos pensées iront à Eric qui a initié le mouvement et couru ou marché de nombreux 20km.
Si vous le souhaitez vous pouvez soutenir l'Abeva à cette occasion en sponsorisant Dorothée, par un don sur le compte IBAN BE17 0001 2069 9221, en communication merci de mentionner Sponsoring 20km Dorothée.
Déjà merci
L’Association Belge des Victimes de l’Amiante, ABEVA, se réjouit fortement de la résolution qui a été votée à l’unanimité mercredi 26 mars au Parlement flamand. Cette résolution exige que les responsables historiques de l’importante présence de produits amiantés à risque dans le parc immobilier public et privé en Flandre, participent, à la mesure de leur lourde responsabilité, au financement du plan de désamiantage de la Flandre.
Ce plan, déjà entré en vigueur, prévoit une Flandre sans risque amiante à l’horizon 2040. Il comprend plusieurs étapes importantes, certaines en cours de réalisation, et des priorités dont l’élimination du risque amiante dans les écoles. Selon des données récentes fournies par l’OVAM (Office flamand des déchets), en Région flamande 50 % des écoles contiennent encore des produits amiantés à risque, à enlever le plus rapidement possible.
Lors d’une audition au Parlement flamand, l’ABEVA a pu présenter des données sur les moyens financiers (fortune et revenus annuels) des principales familles d’actionnaires des entreprises historiquement liées à l’usage massif de l’amiante et donc des risques qu’il pose encore aujourd’hui. Certes le recours à l’amiante dans les années d’après-guerre n’avait rien d’illégal puisque qu’il n’a été interdit en Belgique qu’à la fin des années 1990. Cet argument est cependant trompeur : en effet, un lobbying puissant, lié aux familles actionnaires des holdings Eternit et puis Etex, a permis de sciemment dissimuler ou de minimiser durant plusieurs décennies le caractère nocif de l’amiante, comme cela été démontré déjà par les jugements rendus par les tribunaux en 2011, 2017 et 2023, et donc permis de prolonger abusivement l’usage de l’amiante. Et la coresponsabilité de l’Etat dans la poursuite de l’utilisation de l’amiante ne diminue en rien la responsabilité première des entreprises.
Il serait donc logique que ces familles et actionnaires contribuent massivement aux coûts du désamiantage nécessaire pour rendre la Flandre « asbest safe » ou sans risque lié à l’amiante.
L’ABEVA appelle les Régions wallonne et bruxelloise à avancer rapidement dans ce dossier. Elles aussi sont confrontées aux mêmes problèmes et enjeux.
Jusqu’à présent aucune de ces deux régions n’a élaboré un plan global semblable à celui de la Flandre. Elles mènent pour le moment de simples politiques d’information des citoyens sur les réglementations existantes. Mais il n’y a aucun objectif fixé, avec un calendrier et des budgets assignés. Il n’existe à ce jour aucune prime ou subsides au désamiantage ni d’obligation d’inventaire amiante en cas de vente immobilière, comme c’est le cas en Région flamande. Pas de cadastre clair et synthétique rendu public. Les réponses passées ou récentes à des questions posées aux deux gouvernements régionaux par leurs parlements respectifs ne montrent guère de perspective.
Cela ne veut pas dire que rien n’est fait. Par exemple, le plan d’investissement exceptionnel d’un milliard d’euros dans la rénovation des bâtiments scolaires en fédération Wallonie Bruxelles comprend des rubriques et budget amiante. Mais là aussi l’information est lacunaire. Et il n’est pas impossible d’imaginer que, comme en Flandre, une proportion importante d’écoles posent encore un risque amiante.
Les Régions wallonne et bruxelloise – dont nous savons en plus les problèmes financiers - pourraient aussi, de leur côté, se saisir de la question d’une contribution nécessaire des responsables historiques du problème posé par l’amiante. Il serait curieux et regrettable qu’au cas où un accord interviendrait entre la Flandre et Etex/Eternit pour une contribution au financement du désamiantage, les deux autres régions ne fassent rien en cette matière et se privent elles-mêmes de solution de ce type alors qu’elles sont touchées de la même façon pour ce problème.
Avec comme objectif des régions wallonne et bruxelloise sans risque-amiante.
L’ABEVA demande aux parlements et gouvernements de ces deux régions de se saisir au plus vite de cette question.
L’ABEVA
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Marc Molitor 0475 74 77 03